Ce n’est pas le nom d’un arrêt de bus ou de métro, mais bien le plus grand incubateur de start-up au monde ! Fondé par Xavier Niel et ouvert il y a tout juste un an, cet espace souhaite à terme devenir un lieu incontournable, la plaque tournante des entreprises de demain.
Alexandre Kotecki de Creative Valley nous en a fait la visite guidée. Dans cet espace de 34 000 mètres carrés, installée sur l’ancienne halle Freyssinet, ce sont près de trois mille personnes qui travaillent quotidiennement pour essayer de faire émerger des startups (terme anglais désignant une jeune entreprise innovante qui cherche des investissements, ndlr). L’objectif de la Station F est d’aider ces dernières en les accompagnant et, dans une moindre mesure, en favorisant leur développement. Particulièrement attrayante grâce aux loyers peu chers et l’accompagnement de qualité de grandes entreprises, la Station F attire de nombreuses candidatures mais seulement 9% des startups candidates sont finalement retenues.
L’organisation de la Station
Cette galerie futuriste est scindée en deux parties (trois, si on compte la Felicita, le nouveau restaurant by Big Mama) bien distinctes : la zone share et la zone create.
La première est accessible à tous, à condition d’avoir une invitation. Toute personne/entreprise travaillant à la Station F peut inviter autant de personnes qu’elle le souhaite. Cette “share” zone est la façade publique de la Station F. Au rez-de-chaussée, on y retrouve notamment les espaces événementiels. Des « creativity room » : salle de réunion repensées pour favoriser la création, aux masters stages, en passant par des défilés de mode, il est possible d’y organiser tout type d’événement. A son lancement, la Station F organisait deux conférences par mois. Aujourd’hui, on n’en dénombre plus que six par an, du fait de la quantité grandissante d’événements privés qui monopolise les locaux.
A noter toutefois un espace french tech qui, lui, propose une fois par semaine une master class.
Dans cet espace, sont aussi mis à disposition un auditorium (pour les conférences), et les fameux “fablab” (sorte de laboratoires de fabrication) où les machines et imprimantes 3D trônent sur les bureaux pour répondre à vos besoins. Ces pièces sont uniquement disponibles sur abonnement, un tarif préférentiel est proposé pour les résidents du campus. Néanmoins, l’idéal est de venir avec un prototype déjà en main, l’espace étant un peu limité pour les plus grands projets. Si c’est votre cas, vous pouvez aisément vous tourner vers l’enseigne gigantesque TechShop d’Ivry (deux mille mètres carrés contre seulement six cent cinquante pour Paris).
© Chloé Crepel
Au premier étage, les petites salles de réunion (1 table) sont gratuites, mais les plus grandes sont payantes (environ 250€ de l’heure pour les non-résidents). En somme, si vous êtes une société extérieure, une journée à la Station F peut vous revenir extrêmement cher. On avoisinera les 15 000€ par événement à cause des prestataires imposés. Enfin, nous apercevons la partie fond d’investissement délibérément excentrée au dernier étage pour empêcher le trop plein de démarchage.
Le passage Louise sépare la zone “share” de la zone “create”. Malheureusement nous ne pouvons pas y entrer, cet endroit est inaccessible au public pour des raisons évidentes de tranquillité. Les entrepreneurs y travaillent d’arrache-pied et n’ont aucune envie d’être dérangés par des visites incessantes. Ce gigantesque open space abrite de grandes entreprises comme LVMH (qui guide les startup évoluant dans l’univers du luxe) ou Médialab TF1 qui proposent différents programmes pour booster les startups dans divers univers. On dénombre 28 programmes différents dont le programme ADN x IFM sur lequel Alexandre travaille qui concerne l’art, le design et le numérique. Le but est de créer un écosystème (environnement cohérent) où serait réuni le monde de la tech et des industries créatives et celui de la mode. Vous l’aurez compris, l’intérêt premier est de bénéficier des capacités de l’autre pour s’aider à grandir mutuellement. Et cela fonctionne plutôt bien puisque la dernière start-up à s’être fait repérer, Vitality, est aujourd’hui très influente dans le milieu des jeux vidéo.
Le fonctionnement du bâtiment
Selon Alexandre, la Station F ne sera jamais rentable puisque ses retombées économiques ne lui sont pas imputables directement et dépendent des milliers startups présentes et des grandes entreprises. Son champ d’action se limite à l’imposition d’une thématique pour éviter la concurrence entre les entreprises qu’elle héberge. En effet, le site prône l’entraide et c’est ce qui permet le processus d’accélération ! Attention tout de même à ne pas s’endormir sur ses lauriers, chaque programme ayant une durée déterminée (oscillant entre 1 et 2 ans), il faut percer rapidement.
Un poste (une chaise, un bout de table, une prise et du wifi) au sein de la halle (qui en compte 3000) se mérite, car très onéreux : 200 euros par poste. De facto, les grands groupes proposant des programmes (LVMH, Facebook, Microsoft, L’Oréal et autres) prennent en charge ce coût avant de les sous-louer ou de les offrir (en fonction des programmes) par la suite aux jeunes innovateurs. De leur côté, ces derniers hésitent rarement à faire partie de la Station F, car cela va nécessairement les rendre visibles et crédibles aux yeux de tous.
La nef en béton de la Station F, longue de 310 mètres (on dit souvent d’imaginer la Tour Eiffel couchée pour se donner une idée de la grandeur du site), lui vaut d’être classée monument historique. Mais, espérons que dans quelques années, l’émulation créée par cette forte concentration de « startupers » aura fait rayonner plusieurs sociétés innovantes françaises, sera donnée en exemple partout à travers le monde et fera alors connaître la Station F au-delà de son statut de monument historique.
Alors la France, nouveau paradis pour les jeunes entrepreneurs ?
Découvrez nos autres visites.
La promo 2018 – Master 1