Début 2013, le MOOC culturel a fait son apparition en Amérique au cœur même du patrimoine : le musée. Chez nous, en France, c’est le célèbre Grand Palais à Paris qui a surfé le premier sur cette nouvelle tendance avec son exposition temporaire intitulée « Cartier le style et l’histoire ». Ce MOOC a destination d’un public novice en la matière (en l’occurrence des collégiens) a rencontré un franc succès avec près de 3000 participants recensés.
Avant d’aborder la question pointue du MOOC culturel, il nous semble important de revenir sur la définition même de ce système d’apprentissage. MOOC est d’abord un anglicisme (pour massive open online cours) et pour faire simple, il s’agit de tutoriels vidéos enregistrés, de ressources mises à disposition et d’exercices permettant de s’expertiser (sur un sujet) à distance. Et cela va plus loin qu’un simple webinar puisque ce sont plusieurs formations qui s’installent dans le temps, régulièrement entre 5 et 10 séances. En général, on peut passer un examen à la fin qui nous confère un diplôme attestant de notre suivi et de notre réussite ! Dans la lignée des thématiques aussi diverses que variées (allant du « classique » business aux sujets plus ardus tels que la programmation ou l’ingénierie), le mooc s’est peu à peu ouvert à un monde à part : celui de la culture.
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L’essor du MOOC façon culture
Lorsque l’on tape « MOOC culturel » dans la barre de recherche de Google France, on se rend vite compte que c’est la plateforme Solerni qui concentre le plus de formations culturelles collaboratives. Ce portail Orange semble connu, car ce ne sont pas moins de 130k personnes qui sont abonnées. Ce dernier propose un catalogue assez restreint (moins d’une dizaine), on y trouve des cours spécifiques sur « Louis XIV à Versailles » et d’autres plus généraux traitant de « l’impressionnisme » ou de « l’histoire de l’art ». Les consommateurs qui souhaitaient revoir la culture de A à Z en partant de la préhistoire jusqu’à nos jours risquent d’être déçus… Néanmoins, toutes les données déjà publiées et en attente d’être transmises sont riches grâce aux partenariats prestigieux qu’entretient Orange avec des grands musées nationaux : entre autres, le Centre Pompidou, mais aussi le Château de Versailles et le Muséum National d’Histoire Naturelle et de l’Homme.
On le rappelle, l’intérêt premier est de s’imprégner des savoirs et de s’ouvrir à la culture, mais comme l’écrit Véronique Muzeau dans son blog, l’accessibilité à ces contenus n’est pas la même pour chacun d’entre-nous. En effet, les non initiés à l’art en général ou les passionnés d’un jour peuvent trouver les informations trop techniques et compliquées. Ce modèle d’apprentissage ludique et interactif étant censé rompre avec le cadre rigoriste de l’enseignement, un tel manque de pédagogie reste regrettable.

Le numérique, véritable diffuseur de culture
Ces formations en ligne sont des vecteurs essentiels de l’accession à l’art pour tous. Ainsi, des individus n’ayant pas l’habitude de se rendre dans des expositions peuvent profiter de ce système pour se rapprocher de cet univers parfois lointain et acquérir un regard critique. D’ailleurs, la gratuité prouve ce leitmotiv, car c’est un bénéfice non négligeable pour l’ensemble des utilisateurs. Aussi, l’idée d’utiliser l’un des principaux outils du 21ème siècle, c’est-à-dire le web, pour toucher un public plus large semble un pari réussi. Et ce, même si le consommateur réceptif n’est pas très mixte, les femmes sont surreprésentées (à 75%) selon fondationorange.com. La visite d ‘un musée peut s’apparenter à une véritable torture, à un ennui total… alors, le fait de mélanger numérique et art ne peut qu’ancrer véritablement la culture dans notre époque. La remettre au goût du jour, en attirant une cible plus jeune et connectée, et enlever cette étiquette préconçue de « loisir de riches/nobles/bobos». Le numérique est omniprésent dans notre quotidien et les musées le savent. Nos établissements patrimoniaux espèrent capitaliser là-dessus et sur les internautes les plus actifs pour favoriser un regain d’individus dans les musées. Sinon, internet a un but assez simple, prolonger ou même remplacer une exposition et diffuser une analyse de la culture.
Les MOOC sont incontestablement un nouveau modèle de médiation, capable de toucher toutes les catégories de la population et de remettre la question du patrimoine au centre de la table. De là à ce que les MOOC culturels deviennent à leur tour un chef d’œuvre, il n’y a qu’un pas !
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Guillaume et Romain.