L’écologie sur le paysage médiatique par Sylvestre Huet

Lors de la journée rencontre professionnelle du 11 Janvier 2023, organisée par les étudiants en master Humanités et Industries Culturelles parcours journalisme, nous avons pu aborder le traitement de l’écologie dans la sphère médiatique française avec l’intervention de Sylvestre Huet, journaliste spécialiste des sciences depuis 1986. 

Dessin de Sylvestre Huet par Médiapart

Sylvestre Huet; journaliste scientifique d’expérience

En 1995, Sylvestre Huet intègre l’équipe du média Libération après être passé par divers médias généraliste comme le point, il décide de présider le service science, le traitement des questions climatiques et toute la gestion du pôle écologie.  Journaliste mais aussi auteur de plus de 3800 articles depuis le début de sa carrière, 10 livres seul et en collaboration, dont le livre paru en 1989 Sciences, les français sont-ils nuls ?

Après s’être présenté, le journaliste axe son intervention sur le gouffre informationnel entre les enjeux écologiques vu d’un point de vue scientifique et les articles sur l’écologie qui paraissent sur l’environnement médiatique français. De son point de vue, l’information est brouillée et même instrumentalisée par l’enjeu commercial, il considère qu’un média préfère occulter la réalité écologique au profit d’articles vendeurs quitte à pervertir l’information. 

Le traitement actuel de l’écologie dans les médias

Sylvestre Huet admet que la majorité des journalistes ignorent les connaissances universitaires de bases, qui permettent de bien comprendre l’ampleur de la situation. Les chefs de rubriques des médias s’intéressent à la lutte pour la conquête du pouvoir non pas de l’usage du pouvoir, ce que Huet définit comme « La guerre des rubriques » participe à la désinformation en jouant sur les ressors émotionnels qu’implique la cause écologique, les rubriques sont en constante compétitions entre elles et leur importance dans le média dépend de leur commercialisation. Cela contribue structurellement à un mauvais traitement de l’information, un fonctionnement vertical qui bride la capacité du public à réfléchir au sujet par lui même, il en revient jusqu’à la formation des journalistes dans les écoles à qui on enseigne la technique et non les connaissances. Quelle que soit la forme de la production, ce qui compte c’est qu’a la fin le lectorat ait été emmené dans la bonne direction donc la vérité sur le sujet. 

La désinformation écologique, un enjeu actuel

Pour appuyer ses propos, le journaliste donne l’exemple d’un article paru dans le Canard Enchaîné qui retranscrit les arguments du livre Perdre la terre, paru en 2021. Le sujet principal du livre réside dans le fait que suite à une enquête journalistique, le gouvernement américain de Georges Bush était conscient du danger écologique lié aux émissions de CO2 depuis 1979. Le président aurait même proposé des restrictions sur l’ensemble du territoire américain pour endiguer le phénomène. En réalité toute l’enquête s’avère être fausse car toutes les informations liées à la teneur de CO2 dans l’atmosphère ont été découvertes en 1987. Cela est l’exemple qu’un journaliste expérimenté est capable de divulguer des infox dans un journal important sur le paysage de la presse française. 

L’antidote à cette désinformation de la population serait un système d’information qui fonctionne correctement, le seul moteur pour ça est l’ambition culturelle élevée de la rédaction et un objectif politique profond

Mercredi 25/01/2023 Armand CHARLES

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