Le 13 janvier 2023 se déroulait la journée d’étude pour le Master 1 HIC de l’université de Nanterre. Le parcours Médiation culturelle et interculturelle (MCEI) a organisé son après-midi autour de la question de l’accessibilité universelle dans les lieux culturels. Ils ont accueilli cinq intervenants travaillant dans des structures culturelles ayant développé des aménagements d’accessibilité, afin de dialoguer autour d’une table ronde sur l’importance de l’accessibilité universelle et les défis à relever afin de la généraliser à la majorité des espaces culturels.

Pour cette table ronde, les étudiants du parcours MCEI ont invité Audrey Saoli, référente handicap et Marine Guibert, chargée des relations avec les publics du théâtre de Amandiers de Nanterre, ainsi que Caroline Gauvineau, responsable des relations publiques de l’Azimut, Théo Cazedebat, chargé des relations avec les publics du théâtre de Montreuil et Lara David, chargée d’audiodescription à Accès Culture.
Qu’est-ce que l’accessibilité universelle ?
L’accessibilité universelle représente la conception d’aménagements de lieux publics rendant les environnements accessibles et utilisables pour toute la population de la même façon. L’accessibilité universelle doit, en théorie, permettre au plus grand nombre de fréquenter ces lieux en toute liberté et sécurité, y compris les personnes en situation de handicap, quelles que soient leurs limitations (moteur, sensorielle, cognitive, psychique), qu’elles soient permanentes ou temporaires. Aujourd’hui, plus de 80% des plaintes concernant les discriminations concernent les populations en situation de handicap. L’accessibilité est donc quelque chose de primordial qui reste malheureusement trop peu pris en compte dans la plupart des structures.
Lors de cette discussion libre, les intervenants ont pu discuter entre eux et répondre aux questions des étudiants sur les défis liés à l’accessibilité des publics qu’ils rencontrent dans leur travail. Dans un premier temps, certaines choses sont de l’ordre de l’obligation depuis la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances. Nos intervenants posent néanmoins les bases de ce qu’est réellement l’accessibilité dans les lieux culturels où ils travaillent. Il y a l’accessibilité physique, celle des locaux, où il faut s’assurer que tous les visiteurs puissent naviguer librement sur le site. Il y a également l’accessibilité au spectacle en lui-même, où il faut pouvoir rendre un spectacle naturellement abordable et assimilable à tous les spectateurs.
Le principal facteur d’entente des cinq participants est la difficulté de développer davantage d’infrastructures dans les enseignes culturelles malgré toute leur volonté. Tout d’abord parce que la question financière entre en jeu. Un système de bourse a été mis en place, mais elles ne sont pas accordées automatiquement. Aussi, tout ce qui concerne l’audiodescription ou l’adaptation en langue des signes reste très cher car cela demande beaucoup de travail. Ce n’est donc pas toujours aménagé.
Des objets artistiques à part entière
Le vrai enjeu est de mettre en place des infrastructures spécialisées dès la construction d’une structure afin qu’elles soient accessibles dès son ouverture et permettre la pérennité des dispositifs.
Les structures représentées par les intervenants s’appliquent à organiser de nombreuses opérations. Parmi ces opérations, on retrouve par exemple des spectacles traduits en langue des signes où les interprètes sont eux-mêmes comédiens et font partie du spectacle. Il existe aussi des audiodescriptions réalisées par des auteurs pour s’assurer de la qualité des transcriptions, des prospectus en braille, des navettes permettant d’amener les gens directement de chez eux au lieu du spectacle. Il existe également des séances où les spectateurs sont invités à venir toucher les costumes, les décors, les maquettes d’une représentation ou alors vont pouvoir assister à des ateliers de danse afin de reproduire les mouvements et chorégraphies du spectacle qu’ils vont voir.
Dans beaucoup de ces cas, les aménagements sont considérés comme faisant partie du spectacle, il est important de les considérer comme des objets artistiques légitimes car un réel travail de mise en scène est investi.
Par ailleurs, les intervenants relèvent également l’importance de “penser global”, c’est-à-dire “cibler et informer” le public. Il est primordial de développer une bonne communication afin de fournir le plus d’informations possible au public en amont de leurs visites. Accompagner les gens leur permet de se sentir en confiance et de pallier une certaine solitude rencontrée parfois face au handicap. Cela va notamment passer par le développement d’un site internet lui-même accessible car c’est le premier médium de connexion avec le public. Pour toutes les enseignes représentées durant la table ronde, un travail archéologique a été mis en place afin de développer des fichiers de personnes concernées par ces dispositifs et les solliciter lors des spectacles qui leur sont destinés.
Malheureusement, l’offre de spectacles accessibles est assez limitée et très peu diverse. L’enjeu que partagent tous les intervenants est de réussir à savoir quel contenu peut intéresser les publics visés. Car ce n’est pas parce que quelque chose existe que ça va forcément intéresser les personnes concernées. Aussi, les spectacles accessibles sont rares, la date à laquelle les organiser est également une question qui entre en jeu dans leur organisation. En terme général, les intervenants s’accordent à dire qu’il y a beaucoup de suppositions faites sur les attentes du public et un manque d’expertise sur les réels désirs des personnes intéressées.
Tester et faire tester les dispositifs en amont, échanger avec les publics en aval, tout cela permet de perfectionner l’accessibilité des lieux culturels, et donc l’expérience des visiteurs. Il est important d’inscrire des normes et une politique qui dépasse les simples dispositifs.
Nous remercions les MCEI pour l’organisation de cette table ronde très instructive et les intervenants qui sont venus nous faire part de leurs expériences et témoignages.
Pour aller plus loin :
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000809647/
https://www.gouvernement.fr/action/l-accessibilite
Cécile, janvier 2023