Librairie qui expose plein de livres, référence aux maisons d'édition.

Dans les coulisses de l’Édition : Flore, étudiant et futur pro du secteur

Flore nous fait découvrir l’envers du décor de l’industrie littéraire : les maisons d’éditions, là où les livres prennent vie.

Illustration d’une bibliothèque, référence directe aux métiers du livre ©Pexels.com

Nous sommes allées à la rencontre de Flore, un étudiant en alternance au parcours atypique et passionnant. De ses débuts en LEA à son choix du master Humanités et Industries Créatives, il nous raconte comment il a trouvé sa voie dans les relations presse et les maisons d’édition. Découvrez son quotidien d’assistant attaché de presse, les projets marquants auxquels il a participé, et les défis qu’il relève avec détermination.

Julia : Peux-tu nous raconter ton parcours académique et ce qui t’a mené à ce master ?

Flore : Au lycée, j’ai fait une première STMG puis je me suis réorienté et j’ai fait un baccalauréat Littéraire (première et terminale). Comme j’étais intéressé par les langues, je me suis orienté en LEA, une licence langue étrangère appliquée en anglais et en polonais à la Sorbonne. J’ai fait ces trois années de licence et je me suis rendu compte que les masters et les débouchés proposés ne me plaisaient pas tant que ça. Je me suis donc réorienté à nouveau et j’ai fait deux ans de licence d’Information et de Communication à l’Université Paris 8, en faisant une passerelle grâce à mon ancienne université. Après ça, comme je cherchais un Master en alternance dans le secteur de la communication et plus particulièrement dans la culture,  j’ai découvert le Master Humanités et Industrie Créative de l’Université Paris Nanterre qui m’a beaucoup plu, et c’est comme ça que je me suis retrouvé dans ce Master en contrat d’apprentissage.

Emeline : Pourquoi as-tu choisi de te spécialiser dans les relations presse et pourquoi dans une maison d’édition en particulier ?

Flore : Alors, je dirais que travailler dans les relations presse a été un peu un concours de circonstances. En ce qui concerne les maisons d’édition, cela fait un moment que je savais que je voulais évoluer dans les métiers du livre. Pendant ma deuxième licence, en Information-Communication à Paris 8, j’ai eu l’occasion de réaliser deux stages : un en L2 et un autre en L3.

Le premier, en L2, a été déterminant. À l’époque, je n’avais aucune expérience dans les métiers du livre et pas beaucoup non plus en communication, car mon seul précédent stage, réalisé en LEA, était dans le commerce BtoB. Ce n’était pas vraiment de la communication à proprement parler. En L2, j’ai eu l’opportunité de faire un stage en tant que chargé des relations publiques pour un festival littéraire itinérant. Cette expérience a confirmé deux choses : d’une part, que je voulais travailler dans le secteur du livre et, d’autre part, que ce qui m’intéressais dans la communication, ce n’était pas tant le volet numérique ou digital, mais plutôt les relations humaines et ce qu’elles apportent, aussi bien professionnellement qu’humainement.

En L3, j’ai testé un stage en communication et marketing digital dans une agence d’auto-édition. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que la communication numérique ne m’attirait pas autant que je l’avais imaginé. Ce n’était pas un domaine vers lequel j’avais envie de m’investir. Alors, quand j’ai commencé à chercher une alternance pour intégrer le master Humanités et Industries Créatives à l’Université Paris-Nanterre, je me suis naturellement tourné vers les maisons d’édition.

Pour moi, travailler dans une maison d’édition, c’était un objectif à la fois ambitieux et inspirant. Cela peut paraître un peu inaccessible quand on veut évoluer dans les métiers du livre, mais c’est aussi très attirant. Être au contact du livre, c’est une chance d’être au cœur de sa création : fabrication, édito, communication, ou même les cessions de droits. Bien sûr, je ne touche pas à tout cela, mais ma curiosité pour ces domaines était forte. J’ai donc tout simplement postulé à plusieurs offres d’alternance, en ciblant particulièrement celles axées sur la communication. J’évitais volontairement les propositions centrées sur la communication digitale, car ce n’était pas ce qui me plaisait. Lorsque j’ai vu des offres en relations presse, même si je n’en avais jamais fait auparavant, les missions décrites m’ont semblé proches de ce que j’avais expérimenté en tant que chargé des relations publiques. Cette expérience m’avait profondément marquée et beaucoup plu, ce qui m’a poussé à me dire : pourquoi ne pas essayer ?

Julia : Quelles sont tes missions principales dans ton rôle d’assistante Relations presse/ libraire ?

Flore : En ce qui concerne mes missions principales, en tant qu’assistant attaché de presse, je m’occupe principalement de l’organisation des campagnes de presse. Cela inclut la préparation et l’envoi des communiqués et dossiers de presse, le suivi des journalistes, ainsi que la gestion des demandes spécifiques : interviews, services de presse, visuels, entretiens, etc.

Il y a également une veille médiatique, avec le suivi des retours presse et la constitution de revues de presse. Sur le volet logistique lié à l’événementiel, même si c’est davantage du côté des salons et des librairies, en relations presse, je participais à l’organisation des événements de lancement. Cela passait par l’élaboration des calendriers et plannings en fonction des dates de sortie des livres, la constitution des listes d’invités, ou encore le contact avec des influenceurs.

En parallèle, il y a un aspect administratif, comme la mise à jour des fichiers de contacts presse ou la réalisation de bilans des contacts presse. Concernant les relations avec les libraires et les salons, mes missions incluent la coordination avec les libraires, le suivi des relations, la proposition de rencontres avec les auteurs, la gestion des partenariats, et l’organisation des tournées d’auteurs en librairies. Cela implique notamment la planification, la communication, et la logistique autour de ces événements.

Emeline :  Quels sont les projets les plus marquants auxquels tu as participé jusqu’à présent ?

Flore : Parmi les projets les plus marquants auxquels j’ai pu participer jusqu’à présent, deux événements me viennent principalement à l’esprit. Le premier, c’est l’organisation, la préparation, et même l’assistance à la grande finale du tournoi Harry Potter que Gallimard organise depuis une quinzaine d’années. Ce tournoi fonctionne de la manière suivante : tout au long de l’année, un très grand nombre de librairies participent à une compétition. Dans ce cadre, Gallimard leur envoie des contenus, des décorations et des idées d’activités autour de l’univers de Harry Potter. Vers décembre, des équipes de Gallimard évaluent les librairies participantes selon plusieurs critères : la plus belle décoration, les activités les plus réussies, et parfois même des données comme le chiffre des ventes. À l’issue de cette sélection, 20 librairies sont retenues pour participer à la grande finale à Paris, dans les locaux de Gallimard, lors d’un week-end (cette année-là, c’était le samedi 15 juin). Pendant cet après-midi, chaque équipe participe à un quiz de 30 questions sur l’univers de Harry Potter. La librairie qui obtient le plus de points remporte un voyage à Londres pour tous les membres de l’équipe, ainsi que des billets pour visiter les studios Warner Bros.

Ce projet m’a particulièrement marqué, car j’ai eu la chance de participer à toutes les étapes : sélectionner les librairies finalistes, réfléchir à la décoration des salles de Gallimard pour l’événement, et collaborer avec une agence de communication qui se chargeait d’acheter ou de louer le matériel nécessaire. Chaque année, la décoration est renouvelée, avec l’objectif d’innover tout en respectant les nombreuses directives imposées par Warner Bros. pour recréer l’univers de Harry Potter. Malgré ces contraintes, c’était un projet vraiment passionnant et enrichissant.

Le second événement marquant, c’est ma participation à la Foire de Brive, l’une des foires littéraires les plus importantes de l’année, qui se tient chaque début novembre à Brive-la-Gaillarde. Cette foire rassemble des auteurs de BD, de littérature générale, et de littérature jeunesse. Ce qui m’a particulièrement frappé, c’est de pouvoir participer à l’organisation des déplacements des auteurs et d’être présent sur place pour découvrir l’événement de l’intérieur. Bien sûr, j’avais déjà assisté à des salons ou festivals du livre en tant que visiteur, mais vivre l’événement de l’intérieur était complètement différent. C’est dans ces moments-là que l’on prend pleinement conscience de l’importance du travail de logistique en amont. Voir le résultat concret de tout cet effort, c’était vraiment marquant et extrêmement gratifiant.

Julia : Quelles compétences as-tu développées ou renforcées grâce à cette expérience ?

La compétence que j’acquiers le plus au fur et à mesure de l’alternance, c’est comprendre encore plus le secteur dans lequel je travaille et être en mesure de m’y adapter. Flore Le Guillard

Flore : En ce qui concerne les compétences que j’ai pu développer lors de l’alternance, je dirais qu’il y a à voir avec l’organisation d’événements et la gestion de projet, puisque c’est devenu des tâches qui sont quotidiennes et que dans des délais serrés, j’ai pu m’assurer de la production de dossiers de presse, de tournées, de dédicaces, etc. J’ai aussi beaucoup travaillé sur la relation avec les journalistes et d’autres partenaires, évidemment, il y a tout ce truc d’être en mesure de garder contact avec les gens, d’entretenir ce réseau et ces relations.

Il y a, je pense également, la gestion de crise entre gros guillemets on va dire, lors d’urgences ou d’imprévus ou des situations vraiment serrées. J’ai appris à rester plus calme et à apprendre à gérer la situation sous pression plutôt tranquillement. Je suis toujours en apprentissage de ça, mais ça va. Et je pense que j’ai aussi maintenant une meilleure vision des stratégies de promotion, de communication en lien avec mon rôle, c’est-à-dire en étant  en mesure d’analyser les retombées médiatiques, en ajustant en conséquence les futures publications et aussi à analyser les publics cibles.

Mais en soi, juste aussi être plus à l’aise, c’est-à-dire que maintenant, je sais ce que je fais en globalité même si parfois j’ai toujours des moments de doute parce qu’il y a toujours des choses que je n’ai jamais faites et que je continue de découvrir. Par exemple pour les processus, de comment on prend contact avec X ou Y personne pour essayer de mettre tel ou tel auteur sur tel ou tel festival, dans telle ou telle librairie, dans tel ou tel journal.

La compétence que j’acquiers le plus au fur et à mesure de l’alternance, c’est comprendre encore plus le secteur dans lequel je travaille et être en mesure de m’y adapter.

Emeline : Quelles sont les plus grandes difficultés que tu rencontres dans ton rôle et comment les gères-tu ?

Flore : Les grandes difficultés, bon déjà ça va être lié au fait que c’est une alternance et du coup trois jours à la fac, deux jours en entreprise, c’est pas facile du tout parce qu’il y a une grosse charge de travail. Pour prendre l’exemple de l’année dernière, quand j’étais à temps plein à partir de janvier, je pense que les plus grandes difficultés, étaient le fait de faire des choses que je n’avais pas vraiment faites jusqu’à maintenant, dans la mesure où si ton interlocuteur change, ta manière de réfléchir et ta manière d’agir vont également s’adapter.  Je considère que ce que je fais actuellement je le découvre et donc que je suis vraiment novice, de toute façon c’est le but d’un apprentissage, tu es là pour découvrir, même si tu as déjà fait un peu les choses, tu peux ne pas les avoir faites avant également. Donc je pense que ma plus grande difficulté, c’est la façon que j’ai de gérer l’inconnu, additionné à la grande charge de travail qui peut être une dynamique mentalement très drainante à certains moments car tu as l’impression de ne plus trop savoir où tu en es et de ne pas gérer ce que tu fais. 

Comment les gérer ? Très honnêtement j’en parle, je pars du principe que même si je suis en mesure de réfléchir par moi-même et d’adopter des réponses cohérentes aux questionnements que je me pose à certains moments, j’essaye de ne pas oublier le fait que je suis en alternance donc je suis là pour apprendre, les personnes avec qui je travaille sont là pour me former. Si j’ai des difficultés, je pose des questions. C’est un travail d’équipe, il est donc important de parler de ses difficultés pour qu’elles n’en soient plus. Une fois qu’on m’a apporté un élément de réponse, la plupart du temps cela va m’aider pour mes tâches futures et ce qui était une difficulté n’en est plus une.

Il y a également la hiérarchisation : être en mesure de voir ce qui est urgent ou non, ou sans parler d’urgence, ce qui demande le plus d’attention. Parfois je prends une demi heure, je remets sur le papier tout ce que j’ai à faire, toutes les questions que je me pose et puis je réfléchis : Est ce que toutes les questions que je me pose actuellement doivent avoir une réponse immédiate ? Parfois cela peut attendre un peu et en attendant on se calme et on travaille sur autre chose. Dans ce cas, la réponse viendra peut être à toi, sinon tu peux aller en parler à quelqu’un. 

Julia : As-tu travaillé sur des événements littéraires, comme des salons ou des rencontres d’auteurs ? Si oui, comment cela s’est-il passé ?

Flore : C’est ce que je mentionnais dans mon événement marquant. J’ai eu la chance de participer à divers événements littéraires, comme des salons, des rencontres avec des auteurs, des lancements de livres ou encore des événements d’anniversaire.

Et comment ça s’est passé ? Eh bien, globalement, tout s’est toujours très bien déroulé. Bien sûr, il y a parfois des imprévus, mais jamais au point de gâcher l’événement ou les festivités. À titre personnel, je considère que ce sont des moments particulièrement précieux dans une alternance ou un métier comme celui-ci.

Ces événements offrent l’opportunité de transformer les relations établies par mail en véritables échanges humains, en face à face. On découvre vraiment les personnes derrière les écrans. Pour moi, le travail dans un service de presse, que ce soit dans une maison d’édition ou ailleurs, repose avant tout sur les relations humaines. Et j’ai toujours eu la chance de rencontrer des professionnels passionnants et bienveillants. Parfois, je me suis même rendu compte que j’avais déjà croisé certaines de ces personnes dans le cadre d’expériences ou de stages précédents.

Ce qui est également très enrichissant, c’est de découvrir les auteurs sous un autre jour. Je pense qu’il est important, pour eux comme pour nous, de pouvoir associer une personnalité à la personne qui défend leur livre ou leur carrière. Cela rend les échanges beaucoup plus vivants, plus authentiques, et moins mécaniques ou uniquement numériques. C’est une dimension que j’apprécie énormément dans ce métier.

Emeline : Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaiterait travailler en RP dans l’édition ?

Flore : Au niveau des conseils que je pourrais donner, il y aurait le fait de bien comprendre l’univers du livre en amont. De prendre le temps de se familiariser avec le secteur de l’édition, avec les tendances, avec ses acteurs majeurs… Ça permettra d’avoir une vision plus claire et de mieux comprendre les besoins des médias, des libraires, des salons.

Également, le fait de travailler ses compétences en communication,  aussi bien écrites qu’orales et ses compétences d’organisation. Parce que, que ce soit pour organiser un événement ou rédiger un communiqué de presse, ce sont des compétences qui sont essentielles. Et même si on n’a pas encore d’expérience, on peut toujours les développer à travers de projets persos, ou en faisant du bénévolat, dans des assos…

Et je pense aussi, ne pas se brimer soi-même selon le parcours académique qu’on a fait, puisque c’est un rôle pour lequel il n’y a pas de formation en université publique qui forme véritablement à devenir attaché de presse. Et en fait, ce qui va compter, ça va être la capacité à avoir quand même une culture en amont et savoir l’utiliser, mais aussi, cette capacité à apprendre sur le terrain et à s’adapter, à rester à jour, à être curieux etc. C’est un métier où je pense qu’il est possible de valoriser des expériences vraiment très personnelles, concrètes, mais personnelles, et qui peuvent totalement être mises en avant, par exemple, lors d’un entretien d’embauche et une fois sur le terrain.

Avec la participation de Flore Le Guillard, écrit par Julia Botineau et Emeline Bihannic, 5 janvier 2025

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