La Bataille de l’IA : Un atelier de prévention et d’information face aux défis de l’intelligence artificielle

Les intelligences artificielles génératives sont, plus que jamais, au centre de notre quotidien, et de notre actualité. Face aux nombreuses questions économiques et déontologiques qu’elles soulèvent, l’association Latitudes, grâce à ses intervenants volontaires, tente d’y répondre.

Le vendredi 14 février 2025, de 10h30 à 13h30, à l’université Paris Nanterre, s’est tenu un atelier dans le cadre du premier cours de Projet collaboratif en environnement numérique du Master Humanités et Industries créatives, parcours Communication et Promotion des Organisations. Animé par Laurent Cadiou de l’association Latitudes, cet atelier visait à nous permettre de plonger, par le jeu La Bataille de l’IA, dans l’histoire, ainsi que les différents enjeux et perspectives d’une technologie à la fois reconnue et mal connue de beaucoup, l’intelligence artificielle générative. 

UN ATELIER POUR PENSER DEMAIN

L’intelligence artificielle (IA) générative est aujourd’hui au cœur des débats universitaires, artistiques, sociétaux, environnementaux, économiques, éthiques… Pour mieux comprendre l’étendue de ce que cela implique, l’association Latitudes, un laboratoire d’éducation populaire, engagé depuis 2017 pour une justice à la fois sociale et environnementale, a conçu La Bataille de l’IA, un atelier collaboratif sous la forme de jeu de cartes pour explorer les enjeux de ladite technologie. L’atelier a ainsi franchi l’enceinte de l’université Paris Nanterre, et dans le cadre d’un cours du Master Humanités et Industries créatives, nous a permis de retracer l’histoire de l’IA, de débattre de ses impacts et de se projeter dans des scénarios prospectifs.

L’intervenant, Laurent Cadiou, formateur climat et numérique au sein de l’association Latitudes, nous a guidé à travers trois phases clés : une frise chronologique des faits marquants de l’IA, un débat sur cinq enjeux majeurs (fiabilité, société, créativité, biais et environnement), et des mises en situation. L’objectif ? Développer un esprit critique face aux promesses et challenges de l’IA générative. 

A l’origine de la tendance, ​la Fresque du Climat est un atelier collaboratif qui sensibilise aux enjeux climatiques en impliquant les participants dans la construction d’une fresque illustrant les causes et conséquences du changement climatique. De manière similaire, « La bataille de l’IA » de Latitudes est une initiative pédagogique qui vise à démystifier l’intelligence artificielle en engageant les participants dans des activités, leur permettant de comprendre les implications et les défis liés à cette technologie émergente. Ces deux approches éducatives utilisent des méthodes participatives pour faciliter la compréhension de sujets complexes et encourager une réflexion sur des enjeux contemporains. 

RÉFLEXIONS, PARTAGES ET ÉCOUTES COLLECTIVES

Découvrir les faits marquants de l’IA

La Bataille de l’IA est avant tout un jeu, et s’articule en trois temps : “Découvrir les faits marquants de l’IA, “Débattre sur les enjeux de l’IA générative”, et “ participer à des scénarios prospectifs sur l’IA générative”. Le but de de ces moments est d’abord de s’informer, puis de confronter des idées avant de les argumenter dans des scénarios. Il devient alors plus facile de comprendre les enjeux historiques, écologiques mais aussi politiques de l’IA, et de se positionner face à des faits, ou des situations de tensions liées à l’emploi de l’IA comme dans le troisième exercice. 

Le premier moment de la Bataille de l’IA est très important pour situer les connaissances d’un groupe. Il faut, sur une corde qui sert de frise chronologique, épingler de petites cartes avec une date, et un fait marquant de l’histoire de l’intelligence artificielle. Cet exercice est doublement pratique : il permet à l’animateur.ice de jauger les connaissances générales de son groupe en matière d’IAG, et donc de son intérêt pour la question a priori. Puis, en lisant les cartes à voix haute et en révélant les dates, chacun peut rendre compte de sa connaissance ou de son ignorance sur le sujet. Le jeu est central pour évoquer rapidement toute l’histoire de l’intelligence artificielle, tout en retenant les informations.

On est surtout surpris par l’ancienneté ou la modernité de certains faits, comme la victoire de Deep Blue sur Kasparov aux échecs qui date de 1997. 

Même si ce jeu nous montre que l’histoire de l’intelligence artificielle est intimement liée au développement de l’informatique, l’atelier tend à dépasser ces notions purement empiriques pour nous faire réfléchir sur notre rapport personnel aux IA. Ainsi, ce premier jeu nous confronte à ce qu’on savait, mais surtout à ce qu’on ne savait pas, et souligne la grande part d’opacité qui floute encore le monde de l’intelligence artificielle. 

Débattre sur les enjeux de l’IA générative

Dans le but d’une écoute et de partages plus libres et ouverts, Laurent Cadiou nous a proposé un second exercice de la Bataille de l’IA : nous devions à présent former des équipes par groupe de 3 ou 4 personnes et nous installer en îlot. Ceci fait, le deuxième jeu pouvait enfin commencer. Le principe ? Chaque groupe se voyait recevoir des cartes avec des questions/débats ayant pour thème les cinq enjeux majeurs que sont la fiabilité, la société, la créativité, le biais et l’environnement. Ce jeu permettait non seulement de réfléchir en équipe et de débattre sur les avis de chacun, mais aussi de démystifier certaines idées reçues et d’en tirer une leçon. De nombreuses questions nous ont permis d’ouvrir les yeux, notamment sur l’impact environnemental des IA, où l’on a pu découvrir par exemple le volume d’eau consommé par une simple requête de CHATGPT (si vous vous le demandez, la réponse est ½ litre d’eau douce), mais nous a également permis de réfléchir davantage à l’utilité des IA, et notamment si celles-ci pouvaient être ou non la solution au dérèglement climatique.

Participer à des scénarios prospectifs sur l’IA générative

Cette entrée en matière dans “l’art” du débat nous a permis de passer au troisième jeu. Cette fois-ci, Laurent Cadiou a choisi de travailler notre esprit critique grâce à des mises en situations immersives : des cartes présentaient différents débats contextualisés en scénarios, tous en lien avec un des cinq enjeux. Nous devions, toujours en groupe, choisir l’un des scénarios qui nous semblait le plus pertinent. À la suite de ce choix, nous avions comme consigne de le recréer en un jeu de rôle, puis de présenter notre carte choisie à nos camarades, et de leur donner notre position finale quant au débat posé. Pour rentrer dans les détails de la mise en oeuvre de cette “pièce de théâtre éclair”, il nous fallait premièrement, définir et disperser les rôles ; deuxièmement, débattre entre les différents partis (avec toujours un personnage “décideur” qui devait synthétiser les accords/désaccords des parties, puis rendre la sentence finale). Cet exercice nous a permis de réellement prendre conscience de l’impact de l’IA générative dans nos sociétés et notamment des dilemmes et débats qui s’ancrent dans cette problématique, tels que  la création de manuels scolaires par l’IA, ou même le licenciement d’employés, remplacés par des intelligences artificielles. 

ENSEMBLE, RÉINVENTONS LA TECH !

Par cet atelier encadré par Laurent Cadiou, nous avons pu découvrir et redécouvrir l’histoire et l’évolution de l’intelligence artificielle et des technologies qui lui sont associées. À la fois théorique et pratique, notamment à travers des exercices interactifs sous forme de jeux, ce moment a été l’occasion pour chacun d’entre nous de discuter et mettre en perspective ces technologies de plus en plus intégrées à nos quotidiens, personnels et professionnels. 

Ce moment d’échange nous a permis de tendre vers une compréhension plus complète des zones “grises” en matière de pratiques avec l’IA, de son influence un peu plus croissante chaque jour et de son développement au fil des décennies. Pensé comme une initiation, cet atelier a renforcé notre réflexion critique vis-à-vis d’un outil dont les défis éthiques et sociétaux liés à ces technologies, se révèlent constamment, une compétence essentielle pour les professionnels de demain. Mais la success story des fresques ne traduit pas forcément une efficacité absolue à long terme. Après plusieurs années d’expérimentation, et un âge d’or après la période du Covid, les résultats montrent une certaine tendance à l’oubli, comme nous le dit l’article “Participer à la Fresque du Climat fait-il changer nos comportements”, de The Conversation. Les fresques sont ludiques, et certes éducatives, mais l’abondance d’informations et l’engagement pédagogique ne permettent pas toujours l’ancrage des connaissances. Face à l’ampleur du sujet, il serait peut-être bon d’orienter les ateliers autour d’une problématique liée à l’IA. On pourrait ainsi mieux conceptualiser le problème, et comprendre les enjeux et les risques liés à l’intelligence artificielle. Mais les fresques, à travers leur large diffusion, ont prouvé l’importance du défi, et la responsabilité des entreprises dans le problème de l’IA. Face à l’ampleur de cette question tentaculaire, on a la preuve d’un passage à l’action. La bataille de l’IA ne fait que commencer !

Flore le Guillard, Mariana Oliveira , Ines Barbara, Pablo Bourdoiseau et Charles Gaudion

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