Cette image est une métaphore de la surveillance : deux jeunes femmes se promènent dans la rue et devant elles, se tient un mur rempli de dizaines de caméras de surveillances braquées sur elles.

Oui, nous sommes tous surveillé.e.s

Au cœur du quartier Latin, le Centre Culturel Irlandais nous propose une revue des différentes techniques de surveillance depuis les années 1980 jusqu’à nos jours.

En 1948, Orwell imaginait dans sa contre-utopie 1984, « Big Brother », comme organe de contrôle et surveillance de la société. Depuis les années 90, les dispositifs de surveillance évoluent au fur et à mesure des innovations technologiques.

Si cette exposition “Surveillé.e.s” s’inscrit dans l’histoire irlandaise, 2018 marquant le 20ème anniversaire de la signature de l’accord du Vendredi Saint, cette exposition parle à tous. En effet, nous sommes tous constamment surveillé.e.s. Pour rappel, l’accord du Vendredi Saint est la loi du 10 Avril 1998 qui, après presque 30 ans de conflit instaure enfin la paix entre catholiques et protestants.

Des œuvres hétéroclites

Une quinzaine d’artistes et une multitude de supports  : photographies, films, sculptures, objets de la vie quotidienne, nous permettent de réfléchir à l’impact des systèmes de surveillance dans notre vie de tous les jours.

A base de carton, cette sculpture de Teresa Dillon mobilise caméras et flèches en métal pour faire prendre conscience de la dangerosité de la surveillance.
Surveillé-e-s, sculpture de Teresa Dillon, Institut Culturel Irlandais, 2018

Ainsi, au Centre Culturel Irlandais, chaque artiste exprime à sa façon son ressenti vis-à-vis de la surveillance. L’œuvre de Teresa Dillon exposée à l’entrée de l’exhibition, est une sculpture cartonnée composée de pointes en métal et de caméras. Nommée “Surveillé-e-s” : celle-ci évoque les caméras exposées dans les espaces publics, elle montre l’espionnage que la société moderne exerce sur les citoyens. Le visiteur est donc directement plongé dans un sentiment de malaise et d’insécurité. De manière un peu plus joyeuse et décalée, et également sous forme ironique, l’artiste Ian Wieczorek propose des images originales, capturées par les caméras. On y aperçoit des individus dans des positions étranges, agissant de façon insensée devant la caméra sans en avoir conscience. Ainsi ce sont de de réels moments d’authenticité qui sont proposés au regard du spectateur. Ces clichés font sourire, mais semblent à la fois, troublants voire inquiétants car ils nous rappellent que chacun peut être filmé et épié à son insu.

Ces quatre photographies présentent un homme lambda dans la rue dans des positions incongrues : il semble monter sur un poteau. Ces images permettent une prise de constante sur l'observation constante dont nous sommes les sujets.
Photographies de Ian Wieczorek, Centre Culturel Irlandais, 2018
Cette image représente l'entrée de l'exposition : il s'agit d'un mur blanc où est dactylographie le nom de l'exposition à savoir : Surveillé.e.s
Exposition Surveillé-e-s au Centre Culturel Irlandais du 14/09/18 au 16/12/18

“Bienvenue chez nous”.

C’est un peu dans cet esprit que l’exposition nous accueille dans ses deux petites pièces ornées de tableaux, dessins, sculpture, écrans. Pourtant, malgré ce cadre informel, nous ne nous sentons pas rassurés. Se dégage fortement l’impression que toutes ces œuvres nous espionnent. Le spectateur est plongé dans le jeu de mise en abyme de l’exposition : il contemple des œuvres qui représentent la surveillance de masse en étant également surveillé à son insu. À travers cette rétrospective, nous pouvons nous rendre compte de l’évolution des formes de surveillance, parallèle à l’évolution des technologies : par exemple, vingt ans avant, les élèves faisaient tourner des cahiers entre eux dans lesquels ils notaient des informations sur la vie privée de chacun pour établir des listes des “100 garçons les plus beaux de l’école !”. C’est ce que l’artiste Irina Gheorghe a représenté à travers ses photographies de carnets “John, You Like Her, Don’t You?”. Aujourd’hui, cette forme de surveillance a changé, mais elle est surtout devenue normalisée avec l’avènement de Facebook et d’autres plateformes de médias sociaux.

Nous sommes face à des photographies de carnets. Ces journaux intimes étaient utilisés comme technique d'espionnage pour faire passer des messages codés.
Irina Gheorghe, photographies de carnets « John, You Like Her, Don’t You? », Centre Culturel Irlandais, 2018

C’est avec un sentiment étrange mêlant fascination, peur et inconfort que nous avons quitté l’exposition. Cependant, au-delà de ces ressentis, nous avons véritablement pris conscience  de cette surveillance constante qui nous entoure et à laquelle nul ne peut échapper.

N’hésitez pas à découvrir les autres visites menées par les étudiants du Master.

Eloïse, Charlie et Saya

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