Happy Cube Day : Le numérique artistique

TECHNOLOGIE – Un après-midi, fin septembre. Au dernier étage d’un immeuble moderne d’Issy-les-Moulineaux se tient le Happy Cube Day. Cet événement annuel ouvert à tous (initiés ou non) sert à nous faire découvrir et/ou partager les dernières technologies existantes. De la plus simple à la plus complexe, certaines sont ludiques et accessibles à tous les particuliers quand d’autres demandent un espace dédié et ont des attraits pratiques et (quasi) artistiques. La technologie n’arrêtera-t-elle donc jamais de nous surprendre ? Voilà ce que l’on se dit en sortant de cet univers futuriste.

Les inventions ludiques et simples d’utilisation

Dès notre arrivée, on remarque l’intérêt suscité par ce genre de projet grâce à ce nombre impressionnant de personnes présentes (y compris les plus petits). Dans une petite salle aveugle à l’entrée (noire de monde) a lieu un atelier mapping. Alors quèsaco ? Il s’agit de dessiner sur une tablette des formes de notre choix, elles seront ensuite projetées directement sur le mur avec l’aide d’un rétro-projecteur. Jusque là vous êtes déçus et vous ne voyez pas la nouveauté, n’est-ce pas ? En réalité, le charme de cette application Tadtool disponible sur tablette uniquement réside dans cette possibilité d’animer les émanations de notre pensée. Nous vous l’accordons, un adulte en aura vite fait le tour, mais quoi de mieux pour occuper un enfant et éviter qu’ils fassent preuve de créativité directement sur les murs de votre salon !

Une fois être retombé en enfance, nous nous présentons dans la deuxième pièce où est présenté une exposition baptisée « Sens dessus dessous » (d’Agathe Demois et Vincent Godeau) un peu déconcertante au premier abord. Et quoi de plus logique, quand on comprend que les véritables illustrations se cachent derrière ces infimes points rouges. Pour découvrir ces images sous la surface, il suffit d’utiliser une loupe spéciale. Dès lors, c’est tout un monde fantastique (en monochromie, en l’occurrence le bleu) qui s’offre à nous. Comme quoi, un tableau peut en cacher un autre : il faut être attentif !

L’évasion spirituelle terminée, c’est sur une énième application que notre regard curieux se pose. Devant nous, une fresque sur un mur, une table avec feutres, papiers et tablette. L’idée de départ d’HD reveal (son nom) est intéressante, on laisse libre court à notre imagination sur une simple feuille de papier, on l’enregistre ensuite sur le téléphone ou la tablette. Puis, on photographie la fresque à un endroit précis et notre « coup de crayon » va s’incruster directement. Résultat, dans la réalité, avec nos yeux d’humains, nous ne verrons rien, mais en utilisant la tablette pour « circuler » sur l’œuvre, nos modifications vont se révéler.

Qui n’a jamais eu envie d’apporter sa patte à une œuvre iconique (remplacer la tête de la Joconde, ça ne vous tente pas ?) ou d’égayer ses sorties au musée en créant son propre style ? Certes, ces quelques exemples ne vont pas révolutionner nos sociétés, ils ont toutefois le mérite d’être accessibles au grand public et de faire évoluer nos conceptions. Le numérique, futur 10ème art ?

Plus on déambule dans ce labo grandeur nature, espace d’expression et de création, et plus cela en devient excitant. Tels des privilégiés durement sélectionnés à l’avance (ce qui n’est clairement pas le cas), nous avons la nette impression de faire un saut dans le temps et de découvrir les progrès scientifiques des artistes venus exposer.
Une nouvelle société s’ouvre à nous et une fois n’est pas coutume, l’ouïe est à l’origine de notre prochaine découverte. En effet, la mao pour musique assistée par ordinateur créée par Didier Ambact remet clairement en question notre définition de la musique. Grâce à un ordinateur et des logiciels spécialisés, on est tous en capacité de façonner son propre son. Tout est possible et les limites d’autrefois semblent s’envoler en éclat. De nos jours, la musique numérique est omniprésente dans notre quotidien (dans les pubs et films par exemple), on l’accepte tant qu’elle ne prend pas la place ni n’efface nos repères. Nous avons assisté au petit concert pour nous rendre compte du rendu final et croyez-nous, les instruments de musique ont encore un bel avenir devant eux. Sauf si vous êtes un fan inconditionnel (et quelque peu irraisonné) d’électro, ces mélodies numériques ne peuvent qu’exister en ajout d’autres plus traditionnelles.

Après le son, l’image. Nostalgia for nature, voilà le projet d’Hugo Arcier, c’est un film sensoriel d’animation complètement réalisé en images de synthèse (image virtuelle créée par ordinateur, ndlr). Diffusé sur une petite télévision avec un casque pour être transporté toujours un peu plus dans son imaginaire, on loue la performance et le sujet traité (une vision de la nature réaliste qui dénote des points de vue habituels). Cependant, on ne comprend pas vraiment la nouveauté (le sensoriel en plus, oui et)… Tous les dessins animés sont préparés de cette manière : Là-haut (en 2009) ou les Indestructibles 2 dernièrement. Quelque chose nous a échappé, c’est certain, mais nous n’avons pas rencontré son créateur pour en débattre.

https://www.youtube.com/watch?v=2yyXBvkSH9g

Allo, M. Potter ?

A l’inverse de cette invention que nous désignerons sans mal comme le point d’orgue de notre visite : la « plantus textus ». Alors non, ce n’est ni du latin, ni une formule magique digne d’un Harry Potter, mais bien une invention révolutionnaire (n’ayons pas peur des mots). Remplacer le téléphone… par des plantes. Et ça fonctionne, nous l’avons testé ! Kris Madden sa conceptrice a souhaité réconcilier nature et technologie en repensant la place de nos objets connectés les plus importants du quotidien. Elle n’était pas présente non plus, mais nous avons pu nous entretenir avec la personne s’occupant de l’animation du stand pour nous éclaircir sur ce mécanisme complexe. « Grown your own phone » (de son véritable nom) est une œuvre artistique créée pour sa dernière année à la Parsons School et l’idée était de ré-inventer le téléphone inspiré par les plantes. Concrètement, cela peut servir à envoyer des sms à n’importe qui dans le monde (sans aucun téléphone). « En dessous de la terre, on a des capteurs électroniques programmés avant par du codage informatique, puis on a un conducteur un peu mouillé qui répond à la pression humaine (un objet ne marchera pas) », nous dit-on. Pour ce qui est des appels, il faut être à côté parce que les deux pots qui tiennent le rôle de l’émissaire et du destinataire sont reliés par un fil. Le système était conçu comme cela pour l’exposition, mais on pourrait très bien imaginer des plaques arduino à plus grande portée, nous a-t-on dit. De là à pouvoir appeler votre mamie au fin fond du Périgord, ça reste un peu précoce de le penser.

Toutes les innovations rencontrées ont des fibres artistiques, certaines vont plus loin en influençant davantage notre quotidien. Appeler avec des plantes au lieu de les arroser, le monde de demain est peut-être insensé, mais révèle une chose : l’évolution perpétuelle de l’homme.

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Crédits photo (image non-contractuelle) : Hakanaï – Adrien Mondot et Claire Bardainne © Romain Etienne

 

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