SOCIETE – On ne peut pas réellement parler de tendance, mais plutôt d’un phénomène qui prend de l’ampleur… à notre grand regret. Outre Y et Z, on aime à définir notre époque avec le terme génération. Ici, on met en avant l’outil volant par excellence qui revient toujours vers son propriétaire. Alors comme une progéniture qui ne peut se séparer de ses créateurs, on voit dans notre société une recrudescence des retours au sein du foyer parental. Un sujet traité notamment par un récent film français avec Alexandra Lamy : Retour chez ma mère !

Un monde qui dépouille et fragilise

Il y a de ça quelques années, on ne parlait pas de ce problème. On avait les tanguys, tout au plus, qui sont des personnes tardant à quitter le domicile, mais c’est un sujet un peu différent. La question de savoir pourquoi on a affaire à ce type de comportement (le retour au source) est bien vaste… Sans en tirer de conclusions trop hâtives, on peut apporter deux hypothèses : tout d’abord, la raison économique. La plupart du temps, elle est due à la perte d’un emploi. De nos jours, la difficulté du marché du travail avec un chômage de masse notamment chez les jeunes ne favorise pas une amélioration des choses. En effet, avec les revenus mensuels en moins, il paraît difficile à l’heure actuelle de garder un niveau de vie équivalent. C’est un cercle vicieux, on perd son job, puis son logement et c’est la rue si on a personne sur qui compter.
L’autre cas qui est peut être encore plus expéditif est évidemment la rupture amoureuse. Eh oui, l’amour c’est bien mignon et sympathique quand on partage tout à deux et que tout va pour le mieux (dans le meilleur des mondes et blabla et blabla). Seulement, lorsqu’on est hébergé dans le logement de son tiers ou que l’on divise le coût du loyer, on se retrouve dans une situation vraiment compliquée une fois que la romance se termine. D’où l’intérêt de réfléchir à deux fois avant d’envisager un contrat de mariage, ce n’est sûrement pas glamour, mais c’est la vie !

Crédits photo : Bearboz (dessinateur de presse)

Des parents enchantés ?

Ce retour au bercail devrait faire des heureux, non ? Qu’est-ce que les parents aiment et chérissent le plus au monde ? Vous ! Alors profiter du cadre familial pour se reconstruire ne semble pas si horrible. Néanmoins, après le départ du dernier de la famille (ou du seul), les époux retrouvent une intimité, un style de vie qui leur est propre et surtout, ils ne veulent qu’une seule chose : votre réussite. Savoir que tout fonctionne pour vous importe plus que tout le reste ! Et votre indépendance est l’une des plus grosses preuves de cet épanouissement.
Bon, vous voir plus régulièrement à la maison pourrait en ravir quelques-uns (à cause de vos visites trop sporadiques), c’est évident. Pour vous par contre, cette cohabitation inattendue est extrêmement pénible à vivre. Certes, plusieurs personnes ont témoigné en disant que cette épisode avait permis un rapprochement, mais ces derniers doivent rester anecdotiques (bah quoi, on s’entend toujours bien avec ses parents, n’est-ce pas ?). En général, lorsque l’on prend son envol, on se dit que c’est parti, que sa vie démarre et que l’on est enfin maître de son destin. Alors, raconter à ses amis que l’on est de retour chez Papa et Maman, bah… ça « l’fait pas trop » ! Cependant, selon nos pensées.fr, la faute pourrait être imputable (en partie)… aux parents ! A force de nous couver en permanence ou à trop vouloir que l’on suive le même parcours universitaire qu’eux, notre confiance est altérée et notre adaptation aux réalités de ce monde proche de zéro. Les conseils donnés ne sont pas toujours optimaux, car la société évolue constamment. Les vérités d’hier ne sont pas forcément celles de demain !
Enfin, si malgré tout vous déprimez à l’idée de votre retour à la maison, sachez que vous n’êtes pas seul puisqu’en 2015 ce sont près de 7% des 30-49 ans qui ont rejoint le cocon familial.

Parler de la génération boomerang peut prêter à sourire, mais ce fléau est l’un des marqueurs indélébiles de notre époque. Il nous montre la précarité dans laquelle nous vivons et l’abaissement de notre qualité de vie que nous subissons presque involontairement. On la regarde, on l’affronte parfois, impuissant. Pour combien de temps encore ?

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Crédits image mise en avant : Photographie tirée du film Retour chez ma mère de Eric Lavaine