Trois questions à Clément, designer

Clément Raux, 27 ans, travaille chez Adot, société technologique spécialisée dans l’adtech, depuis 2016. Arrivé comme simple graphiste, il est aujourd’hui à la tête de la partie créative du Studio.

© Adot

Amaia : Décris-nous une de tes journées de travail

Clément : « Ma journée de travail commence toujours par une pinte de thé noir, non négligeable pour rester dynamique toute la matinée. Ensuite, je consulte mes mails, puis en équipe, nous reprenons le workflow afin d’établir les sujets du jour, tout en définissant les priorités. Les matinées sont plutôt fixes, alors que les après-midis sont plus décousues et varient beaucoup d’un jour à l’autre : allant du travail créatif à la communication du studio, aucune après-midi ne se ressemble. Mais c’est toujours très palpitant ! »

Amaia : Est-il difficile d’exercer un métier qui demande d’être constamment inventif ? 

Clément : « Oui c’est difficile, surtout quand le marché évolue aussi vite. Les nouveautés sont rapidement obsolètes, particulièrement dans la programmatique. Nous sommes très contraints par la technique en termes de format. Pourtant, c’est là que s’exerce la vraie créativité selon moi, quand elle est cadrée et contrainte. Faire de belles choses, c’est simple, mais si elles ne dépendent d’aucun cadre, ça peut vite partir dans tous les sens. Puis il ne faut pas oublier que ça nous force aussi à nous ressourcer constamment, et à nous challenger, surtout face à une concurrence féroce. »

Amaia : Comment stimules-tu ta créativité ? 

Clément : « A peu près toutes les publicités de mon environnement m’inspirent : le print, le digital, le out of home comme les publicités qui sont sauvagement collées dans la rue ou les grands panneaux d’affichages, le street marketing aussi. J’ai un exemple précis. A la sortie du film « Ça » les communiquants avaient accroché des ballons à des bouches d’égouts. Avec le Studio, nous cherchons à créer de véritables expériences. J’aime m’inspirer d’expériences physiques pour essayer de les retranscrire en mode digital. Sinon, il y a aussi tous les à côtés comme la veille web, les conférences, les ateliers, et surtout les rencontres, parce que c’est essentiel.

L’inspiration c’est réellement quelque chose de global : absolument tout est à prendre. C’est pour cela qu’il faut aussi s’inspirer du cinéma, de la musique et des jeux vidéo, puisque je pense qu’ils sont vecteurs d’une grande ouverture d’esprit et donc d’une meilleure compréhension du monde et du marché.

Je ne suis pas très fan de nouveaux médias comme Dribben, Pinterest… car ils risquent d’unifier la vision artistique. En regardant le paysage, je constate que les styles s’uniformisent de plus en plus : les logos, les typographies, les styles… Il ne faut pas oublier que le marché modèle le marché. Dans cette logique, je me positionne contre tous ces outils : si nous faisions tous la même chose, nous verrions aussi la même chose et ce serait à coup sûr la mort de la créativité libre et décomplexée. »

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Propos recueillis par Amaia, octobre 2019