SNCF Gares et Connexions et la biennale des arts numériques Némo ont permis au public parisien de découvrir temporairement le travail de l’artiste Beb-deum au travers de son exposition « Mondiale » qui est centrée autour d’une post-humanité gouvernée par la technologie. De nombreux curieux ont ainsi pu découvrir ces êtres du futur à la gare d’Austerlitz.

Mondiale est une exposition réalisée par l’artiste français Beb-deum, de son vrai nom Bertrand Demey. Illustrateur, graphiste, mais aussi auteur de bande dessinée, Beb-deum s’illustre depuis une trentaine d’années par sa vision critique de la société, qu’il dépeint au sein de son art. D’abord ancré dans les pratiques classiques de la création graphique, l’artiste se tourne peu à peu vers le numérique, qui lui offre de plus grandes possibilités que l’art traditionnel (peinture, aquarel, etc). Il est aujourd’hui considéré comme un pionnier de l’art numérique, et se considère « moins dessinateur que créateur ». Ce tournant vers le numérique, mais aussi la découverte du Japon et de l’Afrique du centre, lui ont permis de décupler sa créativité et de représenter encore davantage son sujet de prédilection : l’individu en tant que marchandise, dans une ère de globalisation extrême.
Vers un futur post-humain
Mondiale est le reflet de la critique qu’émet l’artiste sur la société moderne. Beb-deum y présente une post-humanité radicale où règne les artifices, et où l’humain est surtout représenté comme une vulgaire marchandise. Presque comme une prédiction du futur de la société humaine, l’exposition s’attèle ainsi à entremêler diversité et éclat de l’ère du tout numérique.
Associés aux textes d’Alain Damasio, les différents visuels de Beb-deum viennent décrire un univers futuriste, peuplé d’êtres transformés en post-humains par la technologie, tout en dévoilant un questionnement sur la fragilité humaine. Ce recours au numérique, utilisé comme technique d’expression par l’artiste, est aussi lui-même symbolique du développement accru des nouvelles technologies dans notre société.

“L’impression d’un rêve sur une imprimante génétique”
Majoritairement féminins, ces personnages atypiques qui ont orné deux mois durant la gare d’Austerlitz sont cosmopolites et représentent toutes les ethnicités. Visages austères, regards droits, et posture pour tous similaire, ces post-humains procurent une sensation d’inconfort au premier regard, parfois même pour certains de peur, notamment avec les trois moniales ou les personnages clonés.


Au-delà des divers personnages qui semblent guider le chemin de l’exposition, on retrouve également quelques phrases dispersées entre deux visages : « La tristesse de l’intelligence artificielle est qu’elle est sans artifice, donc sans intelligence » (Baudrillard) ; « Soyez uniques : imitez-vous ! » ; ou bien « ADN : le simple support. La double hélice. Le triple crash. » Un mur présentant un assemblage d’une multitude d’images, de personnages, et d’objet en tout genre, vient aussi en appui pour dénoncer notre usage intensif de la technologie, et les risques que cela engendre. Beb-deum prend ainsi le parti pris de dénoncer des usages désormais courants.
Mondiale, exposition atypique d’un artiste unique en son genre, oscille entre transhumanisme, technologie, et diversité, pour présenter des personnages à priori extraordinaires. Mais au travers de ce voyage futuriste, Bed-deum tend à montrer que la fiction d’hier pourrait devenir la norme de demain. Ces corps génétiquement modifiés, qui nous apparaissent comme étant hors normes, ne sont finalement que le reflet d’un futur possible où l’humain n’est qu’une marchandise parmi tant d’autres.
Revue de presse
- Artistikrezo.com : Juliette Cleraux, « Beb-deum, pionnier des arts numériques, à découvrir en Gare d’Austerlitz »
- FranceInter.fr : Valérie Guedot, « Biennale des arts numériques Némo au Centquatre à Paris du 3 oct 19 au 9 fév 20 »
- LesEchos.fr : Alice D’Orgeval, « L’agenda à Paris : 2019 vu par les robots »
- Unidivers.fr : « Beb-deum : Mondiale™ Gare d’Austerlitz Paris »
Venez découvrir d’autres expositions dans le cadre la biennale des arts numériques Némo !
Aurélie Le Mignot et Léa Veretzky, janvier 2020