Portrait Julien Schuh

Interview de Julien Schuh, enseignant-chercheur du Master HIC CPO

Pour apprendre à mieux connaître nos enseignants, nous avons interrogé Julien Schuh. Il encadre notre séminaire Nouveaux dispositifs d’écriture et de publication, un cours commun à tous les parcours du master HIC. Quel est son parcours et sur sa vision du métier d’enseignant-chercheur dans un master professionnel ?

Quel a été votre parcours scolaire et professionnel ?

Portrait Julien Schuh enseignant-chercheur du master
Julien Schuh, maitre de conférence à Paris Nanterre – Crédits : Julien Schuh

J’ai intégré une classe préparatoire à Strasbourg avant de passer le concours de l’ENS de la rue d’Ulm en 2000. J’ai fait un double cursus à la Sorbonne Paris 4 en licence de lettre. Un parcours classique. J’ai passé l’agrégation de lettre moderne et obtenu un DEA pour ensuite préparer une thèse sur Alfred Jarry à la Sorbonne. Thèse soutenue en 2008. J’ai envoyé ma thèse au CNU (Conseil national des universités) pour préparer les concours de l’enseignement supérieur. J’ai d’abord été recruté à l’université de Reims en tant que Maitre de conférences. J’enseigne depuis 2006 à Nanterre.

L’enseignement était-il une vocation ou est-ce venu au cours de vos études ou de votre parcours professionnel ?

J’ai toujours aimé partager des choses, je viens d’une famille qui travaillait dans l’administration de l’Education Nationale. Mais, ma vocation première était la création. Je voulais être auteur de bandes dessinées. L’enseignement était pour moi un moyen détourné de faire de la création. Et pour faire de la recherche, il faut être enseignant. Transmettre aux étudiants me permet de rester humble dans la recherche. J’ai la possibilité d’avoir des interrogations et des retours sur ce que je présente. C’est à travers l’enseignement que j’ai trouvé beaucoup de mes sujets de recherche en les partageant avec mes étudiants. On participe à quelque chose de collectif, j’ai voulu utiliser l’enseignement comme un espace collaboratif, collectif qui permet d’intégrer les étudiants dans le projet de recherche. Penser un enseignement qui n’est pas transmission mais co-création.

Dans un master professionnel, l’enseignant apporte une ouverture qui sera utile à l’étudiant en entreprise. Coté enseignement, il faut voir comment les éléments de théorie peuvent être utiles aux étudiants dans leurs pratiques quotidiennes.

Julien

Quel est, selon vous, le rôle de l’enseignant ?

Ce qui est difficile à l’Université, c’est de porter les étudiants vers l’autonomie, leur apprendre à étudier par eux même, à être leur propre maître. Durant mes études, il y avait beaucoup moins de cours, il fallait se former par soi-même. Avec ce modèle, on laissait des étudiants de côté. Aujourd’hui, l’université donne un cadre plus rigide. L’autonomisation est plus difficile à accueillir, il n’y a plus le temps de laisser les étudiants apprendre par eux même. On peut avoir l’impression que les cours sont parfois trop théoriques, mais le but est d’amener les étudiants à penser l’articulation entre les différents domaines qu’ils vont être amenés à aborder. Un professeur doit réussir à donner des outils ouverts que l’étudiant pourra réutiliser en pratique.

Le master CPO est un master professionnalisant, à l’université. Quel équilibre trouver entre cours théoriques et cours pratiques ?

Mon premier poste à l’université était un poste en humanités et littérature numérique, dans un master professionnel en patrimoine livresque et artistique. J’ai dirigé ce master avec des vacataires issus du monde professionnel. Un master professionnel oblige à aller vers des choses plus pratiques, à penser un apprentissage pour le milieu professionnel et la recherche. Cela m’a amené à aller vers des sujets de recherche plus terre à terre, plus concrets, à penser l’écrivain pris dans le monde.

Dans un master professionnel, l’enseignant apporte une ouverture qui sera utile à l’étudiant en entreprise. Coté enseignement, il faut voir comment les éléments de théorie peuvent être utiles aux étudiants dans leurs pratiques quotidiennes. Permettre aux étudiants de penser les différents domaines étudiés comme un ensemble. Au confluent des champs artistiques, culturels, économiques, politiques.

Je pense qu’il est important de ne pas considérer les études dans une perspective d’avoir de bonnes notes ou d’avoir une bonne moyenne. Il faut se décomplexer par rapport à ce qu’on fait. Et ne pas oublier que l’on ne pourra jamais vous apprendre ce que vous apprendrez dans l’entreprise ou dans les stages.

Julien

Auriez-vous des conseils à donner aux étudiants pour réussir leur année universitaire ?

Il est important d’avoir un travail systématique et continu, d’apprendre à travailler en autonomie. Il faut commencer à écrire tout de suite, ne pas attendre d’avoir le plan parfait ou l’article parfait. Il faut s’obliger à écrire tout le temps. Et lire au-delà de ce qu’on propose. La bibliographie est pour moi une incitation à la lecture. Les notes de bas de page sont là pour donner envie d’aller plus loin et de se faire son propre parcours de lecture.

Le deuxième conseil est de ne pas stresser par rapport aux notes. Si je pouvais ne pas donner de notes ce serait magnifique. Je pense qu’il est important de ne pas considérer les études dans une perspective d’avoir de bonnes notes ou d’avoir une bonne moyenne. Il faut se décomplexer par rapport à ce qu’on fait. Et ne pas oublier que l’on ne pourra jamais vous apprendre ce que vous apprendrez dans l’entreprise ou dans les stages.

Avez-vous des outils numériques à recommander aux étudiants ? 

Pour les travaux de recherche, Zotero est utile pour gérer les notes bibliographiques. Isidore.science est un moteur de recherche très utile pour rechercher des articles scientifiques. Il possède un système de recommandation classé par unité thématique pour voir quels articles traitent des mêmes sujets. C’est très utile pour s’ouvrir sur d’autre sujets proches auxquels on n’aurait pas pensé. Sinon les outils de mindmapping, comme draw.io permettent de noter et relier des idées entre elles avec la possibilité de collaborer et partager les résultats.

Louis et Selma, novembre 2020

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