Le Quai des Possibles, Saint-Germain-en-Laye

Accompagnements publics des tiers-lieux culturels

La 7ème édition du Forum Entreprendre dans la Culture a été organisée en septembre 2021 en ligne et à la Maison des Métallos à Paris. Une occasion pour le Ministère de la Culture de promouvoir l’entreprenariat dans la culture.

Lors de la dernière journée du forum « Entreprendre dans la culture » organisé par le Ministère de la Culture, plusieurs conférences au sujet des tiers-lieux culturels ont eu lieu. Parmi elles, une avait pour but de montrer l’importance grandissante des tiers-lieux culturels et l’accompagnement organisé par les pouvoirs publics. En effet, ces lieux sont valorisés par le Ministère de la Culture depuis les années 1980. Ce sont des espaces non codifiés, où tout le monde peut se rencontrer sans préjugés et exprimer son côté artistique. Ils prennent place dans des lieux abandonnés et désaffectés comme d’anciennes usines, d’anciens locaux ou des bâtiments. Puis, ils sont réhabilités et réaménagés par des associations ou fédérations culturelles afin de les transformer en de nouveaux lieux où des activités culturelles et artistiques se développent. Cela permet de ressusciter d’anciens lieux abandonnés plutôt que de les détruire et d’amener la culture dans des lieux défavorisés ou des lieux où l’accès à la culture est difficile. Un exemple de tiers-lieu culturel : Quai des Possibles situé dans la gare de Saint-Germain-en-Laye Grande Ceinture.

L’émergence des tiers-lieux culturels

De nos jours, des initiatives publiques sont nécessaires pour aider ces lieux à se développer puisqu’ils sont de plus en plus importants et fréquentés par le public. Patrick Levy-Waitz, président de l’association France Tiers-Lieux, démontre cette effervescence en mentionnant le rapport sur les tiers-lieux publié en 2021. Il explique ainsi qu’en 2019, 4 millions de Français ont participé à des évènements dans les tiers-lieux culturels et que près de 30 000 évènements artistiques et culturels y sont réalisés. Cela démontre alors que la culture s’y développe d’une autre manière. De plus, le rapport estime qu’il y a 2500 tiers-lieux culturels en moyenne en France en 2021, et qu’ils seront bien plus nombreux encore dans les années à venir. Les tiers-lieux culturels sont aussi porteurs d’une activité économique importante puisqu’en 2019, près de 2 millions de personnes ont travaillé dans ces lieux. Aujourd’hui, on estime que 150 000 personnes y travaillent quotidiennement.

Tous ces chiffres démontrent bien que les tiers-lieux culturels émergent progressivement et commencent à devenir un acteur phare de la culture. Ainsi, il est nécessaire pour les pouvoirs publiques de pouvoir les accompagner et les aider à se développer afin de rendre la culture accessible au plus grand nombre et en tous lieux. De plus, la crise sanitaire et la crise économique de 2020 et 2021 ont accentué leur importance dans un monde où les déplacements se limitent et où les inégalités sociales et économiques se creusent.

Rendre plus visible et coordonner les actions publiques

Lauren Gindre, représentante de la Délégation à la Transmission, aux Territoires et à la Démocratisation Culturelle (DG2TDC) nous dit ensuite que la délégation a été chargée par le ministère de coordonner et synthétiser la politique culturelle des tiers-lieux. Leur but est de rendre la culture essentielle pour les collectivités territoriales. Ainsi, cette politique culturelle vise à rendre la culture accessible à tout le monde et à encourager la participation à la culture. En effet, comme Lauren Gindre le souligne, dans les tiers-lieux culturels, toutes les personnes sont consommatrices mais aussi actrices. Cette visibilité et cette ouverture à la population a été étendue depuis la crise sanitaire. Des conseils locaux ont par exemple été créés pour discuter autour de ces lieux. En effet, les pouvoirs publics ne souhaitent pas les rendre homogènes. Cependant, ils partagent des éléments communs comme l’ancrage territorial, la transformation et l’hybridation. Ce sont aussi des laboratoires où de nouvelles choses y sont testées et développées.

Des exemples d’actions publiques

Corinne Langlois, sous-directrice à l’architecture à la Direction Générale des Patrimoines et de l’Architecture, prend alors la parole pour détailler des actions de la DGPA. Elle s’occupe des lieux historiques, des espaces protégés, des musées, de l’architecture, etc. Elle répond aux besoins du moment et ceux de l’avenir en créant et en transformant des lieux, notamment des lieux abandonnés. Elle s’occupe également de la formation et de l’accompagnement des jeunes dans le monde professionnel, de la recherche et de nouvelles techniques architecturales. De plus, la DGPA organise des concours européens pour pousser les jeunes. Par exemple, il y a le concours Europan et l’Album des Jeunes Architectes Paysagistes.

Puis, elle affirme que de plus en plus de lieux abandonnés sont transformés en tiers-lieux dans divers territoires. En effet, lorsqu’il y a de grands lieux laissés à l’abandon et qui sont utilisables, se pose la question de leur utilisation, s’il va être détruit ou transformé. Or, c’est la deuxième option qui est de plus en plus privilégiée. Lorsque le lieu a en plus un patrimoine culturel et historique, les collectivités territoriales ne veulent en général pas les détruire. Ils souhaitent plutôt les restaurer en trouvant un programme pour ensuite trouver des investisseurs. Ces lieux sont alors transformés en tiers-lieux. Les pouvoirs publics cherchent alors à redonner une valeur foncière à ces lieux.

Ensuite, à la fin de l’intervention, prend la parole Philippe Tilly, adjoint au Délégué aux Entreprises Culturelles (DEC) agit pour l’audiovisuel, le cinéma, les médias, la presse, etc. Il exerce dans le cadre de la Direction générale des Médias et des Industries culturelles (DGMIC). Il explique qu’il y a quelques mois, l’appel à projet les « Quartiers Culturels et Créatifs » a été lancé. Il s’inscrit dans le cadre du plan de relance créé par le gouvernement. Il est doté de 3 millions répartis sur 2 ans. L’objectif est de soutenir les tiers-lieux culturels et d’accompagner l’entreprenariat des résidents.

Nous pouvons donc voir via toutes ces interventions d’acteurs du ministère de la culture comment les pouvoirs publics agissent pour promouvoir les tiers-lieux culturels. Ces derniers sont de plus en plus important, d’où la nécessité d’agir pour leur développement sur tout le territoire.

Léana, octobre 2021