Tiers-lieux culturels, Forum entreprendre dans la culture

Des tiers-lieux culturels hybrides

La table ronde du jeudi 30 septembre 2021, organisée dans le cadre du Forum « Entreprendre dans la culture » a réunit plusieurs représentants du ministère de la culture. Selon Patrick Levy-Waitz, le sujet de l’accompagnement public pour les tiers-lieux culturels a besoin d’être porté de manière ouverte, très hybride, pour le penser largement et pouvoir mener ce travail interdirectionnel au sein du ministère.

« Quand on parle des tiers lieux, on parle toujours hybridation », ce sont les mots de Patrick Levy-Waitz, président de l’association « France Tiers-Lieux », qui a pour rôle d’aider au développement et à l’émergence des tiers-lieux culturels en France. En effet, on constate depuis quelques années, une forte croissance du nombre de tiers-lieux partout sur le territoire français.

Une révolution culturelle

Selon le président de l’association, un véritable enjeu a émergé et une révolution s’impose aux acteurs et aux institutions. En 2019, 4 millions de Français ont participé à des événements culturels dans les tiers-lieux, un chiffre spectaculaire, qui montre bien que la culture prend un autre tournant, et irrigue autrement que par le théâtre ou encore l’opéra, ses acteurs classiques. Dans ces tiers lieux, près d’un tiers mettent en place des activités culturelles, et parmi eux, 70% proposent des activités de diffusion, de découverte et de création. Les différentes typologies d’activités se croisent et se mélangent à l’intérieur du tiers-lieu, font société et bâtissent des ponts entre une diversité de types de productions, de créations et de diffusions.

Le visage de la France de l’après-covid se révèle. Nous sortons d’une crise qui nous a contraint à repenser notre manière de travailler et de vivre. Également, dans une période de désengagement politique, où les Français s’éloignent du vote en raison d’une impression d’implication vaine, ils s’engagent culturellement. L’action culturelle permet aux Français et aux Françaises de garder confiance en l’avenir.

« Il est urgent d’entendre ce que disent au fond les Français » – Patrick Levy-Waitz

Une fusion des mondes

Les tiers-lieux mettent en relation des mondes qui ne se parlaient pas. Toute cette mécanique met en évidence une société plus horizontale et partant du terrain. Les tiers-lieux sont des lieux hybrides où se rencontrent notamment : activités du « faire », de la main, télétravail, coworking, fablab, créations artistiques, repair’cafés, fabriques de recherche, friches culturelles… Toutes ces activités se croisent et des startup se lancent. Le champ culturel est un levier qui permet l’hybridation et le rassemblement des publics. Il est vecteur des élans de notre société. Les tiers-lieux reprennent aujourd’hui ce mode de l’hybridation au sens large du terme, permettant de croiser les activités de l’économie classique et de l’économie sociale et solidaire. Ils ont tous en commun de réunir plusieurs activités, de participer au développement économique d’un territoire et d’animer une communauté de personnes qui y travaillent et y vivent.

La construction de politiques publiques pour pallier aux difficultés des tiers-lieux

En 2018, 130 millions d’euros ont été ajoutés au financement du mouvement des tiers lieux en plus des 45 millions de fonds engagés. On comprend donc une réelle prise de conscience entendue par les pouvoir publics.

La mission qui a été confiée par France Tiers-Lieux s’inscrit dans la continuité de la volonté de l’État de co-construire des politiques publiques qui correspondent aux enjeux des tiers-lieux. Cette mission a trois leviers, à commencer par la volonté d’une politique publique. Pour ce faire, une coordination entre les ministères se met en place, en menant des échanges nourris et coordonnés. Ils pourront ainsi être plus efficaces, notamment en ce qui concerne la mise en place de l’argent public dans les tiers lieux. On peut dire que les différents ministères tendent également à s’hybrider pour cette cause, à l’image des tiers-lieux eux-mêmes qui s’hybrident par leurs activités. Le deuxième levier de cette mission consiste à traquer les sujets inscrits dans les mœurs, qui permettent d’affirmer les tiers-lieux comme de nouvelles infrastructures territoriales et de réussir la mutation de notre société pour inclure les citoyens dans l’action publique. Enfin, il s’agit de recenser les difficultés juridiques, législatives, règlementaires.

Qu’il s’agisse de la prise de conscience par les pouvoirs publics d’une société en pleine mutation, qui rassemble et mélange les différents secteurs et manières de travailler ou du moyen du ministère, d’agir pour pallier aux difficultés des tiers-lieux, vous l’aurez compris, le mot d’ordre est « hybridation ».

Rania, novembre 2021