Jeudi 30 septembre 2021 avait lieu la dernière journée du Forum « Entreprendre dans la culture » et pour l’occasion, la salle claire de la maison des Métallos offrait son espace à 3 tables rondes centrées sur l’écosystème musical français.

A la suite d’un atelier qui présentait les aides apportées par le Centre National de la Musique dans le cadre de l’innovation, nous avons pu assister en fin de matinée à une première table ronde intitulée : « Innovation dans la musique état des lieux de l’écosystème français ».

Une thématique: l’innovation au centre de tout

Modérée par Yvan Boudillet, acteur polyvalent dans l’écosystème musical français, la discussion était articulée autour d’un échange de témoignages par les différents invités sur l’intégration de l’innovation au sein de l’écosystème musical. Bertrand Polou, directeur digital marketing chez Warner Music France expliquait que si l’univers musical avait longtemps cru pouvoir s’affranchir de l’innovation, il est bien forcé aujourd’hui de constater que celle-ci est au centre de tout. Les avancées technologiques sont innombrables et viennent chambouler le secteur à tous les niveaux. De la manière de consommer la musique mais aussi les concerts, au système de billetterie, en passant par expériences fans/artistes tout y passe et la France en est encore aux « balbutiements » de sa mise en pratique comme le soulignait Ana Vogric lors de son intervention.

Une approche: la collaboration

Ce terme « innovation » est prometteur, optimiste mais également peu semblé effrayant. Les professionnels présents autour de la table ronde ont une approche: la collaboration. Music Tech France dont le directeur marketing, Jean-François Bert était présent s’attèle depuis des années maintenant à travailler avec un grand nombre d’acteurs français et étrangers spécialisées dans l’innovation (Réalité augmentée, logiciels de billetterie, spectacle audiovisuel, etc.) Le but est de les mettre en valeur et de créer du contact avec l’industrie de la musique. Cela crée une synergie des secteurs pour favoriser le travail ensemble et s’enrichir des expériences et des compétences de chacun. Dans cet esprit, le CNM (Centre national de la musique), qui a en janvier lancé en 2020 son programme d’accompagnement en matière d’innovation et de transition écologique, vient soutenir les acteurs de l’industrie de la musique en soutenant des projets et en favorisant leur diffusion. Le projet n’en est qu’à son début mais Maxime Thibault qui représentait l’organisme gouvernemental lors de cette table ronde avait un regard inspiré et inspirant vers l’avenir.

Des contraintes: le temps et l’argent

Tout ne peut malheureusement pas être simple. Madame Vogric rappelait les challenges auxquels sont confrontés les acteurs de l’univers musical au quotidien en matière d’innovation. Outre les difficultés des deux dernières années, il faut prendre en compte qu’innover demande du temps et de l’argent. Du temps pour trouver les bons partenaires, les bons artistes, le bon moment et de l’argent pour oser se lancer dans l’inconnu. La directrice générale adjointe d’Olympia Production a d’ailleurs lancer un appel au CNM et à Music Tech France au cours de cette conférence vers la mise en place d’un procédé sous forme de site ou plateforme pour aider les maisons de disques, les labels ou les sociétés de production à trouver les bonnes structures pour mettre en place des projets innovants. Que ce soit par un recensement de celles-ci ou juste une mise en contact plus simple, les solutions sont infinies et restent encore à être développer. Cela nous rapproche d’ailleurs du dernier participant à la table ronde : Julien Lefèvre, responsable innovation à la SACEM. Il soulignait lors de son intervention que la France manquait encore à ce jour de startup et/ou entreprises qui se concentraient sur la récolte de data dans le secteur musical. Ces entreprises seraient en mesure d’aider la SACEM, confrontée à la floraison des nouveaux formats amenés par la tendance novatrice du secteur (live stream, réalité augmentée, application, réseaux sociaux, etc). En effet, étant chargé de la récolte des droits d’auteurs, la SACEM suit une démarche d’innovation en réaction à l’innovation de l’industrie musicale et se retrouve elle-aussi contrainte par le temps pour trouver les bons acteurs pour répondre à leurs interrogations.

Cette première table ronde a donc permis à l’aide d’un échange enrichissant et varié de comprendre les enjeux mais également les challenges que représentent l’innovation au sein de l’écosystème musical français.

Camille, novembre 2021