Retour sur la conférence du jeudi 30 septembre 2021 “La culture face aux défis environnementaux” animée par Camille Pène. C’était la 7e édition du “Forum Entreprendre dans la culture” à la maison des Métallos à Paris.
Le rendez-vous annuel organisé par le Ministère de la Culture s’est clos le jeudi 30 septembre 2021 après 4 jours de débats, conférences et tables rondes en digitales, le lundi et en présentiel les trois jours suivants. Ces journées ont réuni des acteurs variés du secteur de la culture en France. Hauts fonctionnaires de l’Etat, des collectivités, professionnels de l’audiovisuel, de l’architecture, du design, acteurs associatifs, chercheurs, journalistes et communicants se sont réunis pour discuter des institutions et plus globalement de tous les moyens humains, financiers, techniques investis dans le secteur culturel. Nous revenons plus particulièrement sur la conférence du jeudi de 14h à 15h15 : “la culture face aux défis environnementaux” à retrouver en retransmission sur le site du Forum. Un rendez-vous qui dresse un état des lieux des problématiques, enjeux et actions, existants dans ce secteur, autour du respect de l’environnement.
Des acteurs qui travaillent pour le progrès
La conférence a été introduite par un exposé de Camille Pène, la fondatrice des Augures, un collectif qui encourage les acteurs du monde culturel à innover pour s’adapter à l’urgence climatique. Elle s’est attachée à synthétiser tous les enjeux existants autour de la transition des modes de production et de distribution de la culture d’un système polluant à un système durable et pragmatique en devenir. Les intervenants ont ensuite été invités à présenter leur activité et ont donné un panorama de l’état du progrès en terme de transition écologique dans l’écosystème de la culture en France (audiovisuel, métiers d’art, événementiel, spectacle vivant, littérature…).
Olivier Lerude, haut fonctionnaire à la cellule développement durable du Ministère de la Culture se réjouit des politiques culturelles menées en France et de sa démocratisation croissante, ainsi que du “volontarisme très fort dans ce secteur pour la transition écologique”. De même, Lucie Marinier travaillant à la direction des affaires culturelles pour la ville de Paris et futur professeur au CNAM précise “le secteur culturel est loin d’être le plus en retard, même si le secteur du bâtiment est plus en avance, il s’agit de s’inspirer, on a tous une responsabilité à lancer ensemble de la formation-action, de la recherche-action”. Pour cela, elle prend un exemple précis, le partage des savoirs entre les conservateurs au musée et les éclairagistes au théâtre. En travaillant de concert, ils peuvent avoir des compétences à s’échanger pour obtenir un éclairage efficace et responsable.
“Le secteur culturel est loin d’être en retard (…) mais l’on a tous une responsabilité à lancer ensemble de la formation-action, de la recherche-action” confie Lucie Marinier
La conseillère nationale et architecte de l’ordre des Architectes Sophie Bertrand s’est exprimée sur les enjeux dans le secteur du bâtiment. Pervenche Beurier est intervenue au titre de son rôle au sein du collectif Ecoprod qui milite pour une meilleure maîtrise écologique dans le secteur cinématographique et de l’audiovisuel en général.
En bref, les intervenants partagent une vision commune autour du secteur culturel, certes pionnier en matière de développement durable mais en évolution dans un contexte financier, social et écologique complexe.
Un bilan carbone non-négligeable
“Un grand musée français émet environ 9.000 tonnes de CO2 par an, soit environ l’empreinte annuelle de 800 Français” (chiffre trouvé sur le site les Augures). Sophie Bertrand rappelle aussi que si le secteur du bâtiment est en avance, il reste des politiques publiques plus pragmatiques à mener. En témoignent les 3 millions de logements vacants en France et les problématiques toujours vives autour des matériaux utilisées, de l’isolation et de l’offre énergétique choisie.
“Un grand musée français émet environ 9.000 tonnes de CO2 par an, soit environ l’empreinte annuelle de 800 Français” signale Camille Pène
Quant au secteur audiovisuel et à tout ce qui en relève, le bilan est assez lourd. Pervenche Beurier n’oublie pas de mentionner le poids polluant de la fabrication des télévisions et des terminaux, indispensables pour que les utilisateurs puissent consommer l’offre audiovisuelle. A cela s’ajoute le streaming en termes de pollution numérique (voir l’article sur la sobriété numérique à ce sujet), ainsi que les transports des équipes, les décors et le matériel technique énergivore.
Imposer l’accalmie dans la tempête polluante
Le tableau n’est pas tout noir mais parsemé de quelques tâches de peinture verte ça et là, synonymes d’espoir. En effet, les initiatives se multiplient pour intégrer la conscience écologique dans les étapes de conception, production, diffusion. C’est d’ailleurs l’objet de l’engagement d’Ecoprod dont nous parlerons plus en détail dans les prochains articles. Les questions de l’architecture, de la formation à l’écologie, des nouveaux métiers… sont aussi venues sur la table. Pour en savoir plus, consulter l’article suivant sur les solutions proposées.

Toutefois, il ne faut pas se satisfaire d’une énergie qui n’en est qu’à ses balbutiements en termes de poids concret sur l’empreinte carbone de la culture. En effet, si la sensibilité écologique croît et encourage des mouvements d’innovation et d’entrepreneuriat responsable dans le secteur, les David de l’écologie active sont en trop grande minorité numérique face au Goliath des défis imposés par l’urgence climatique : « nos réactions sont assez faibles face au mur dans lequel on va » rappelle Olivier Lerude.
Pour ne pas rester paralysés face aux défis climatiques, le Ministère de la Culture a lancé un appel à projets à destination de tous les acteurs des chaînes de production au sein des Industries Culturelles et Créatives. Le but est d’accompagner les projets innovants les mieux motivés, dans leur souci d’écoresponsabilité. Vous pouvez monter un dossier et proposer votre candidature jusqu’au 3 décembre 2021.
Titouan, novembre 2021