Cathy-France Martin : de l’agence à l’indépendance, un parcours en communication santé

Nous avons rencontré Cathy-France Martin, consultante freelance en communication, qui, après plusieurs années passées en agence, a choisi de s’installer à son compte. Spécialisée dans le secteur de la santé et de l’intérêt général, elle intervient dans des missions de conseil, de rédaction et de gestion de projets. Son parcours et son regard sur le métier offrent un éclairage pertinent sur les réalités du travail en freelance, entre liberté et défis.

Circé : Quelles sont vos principales activités ? Pouvez-vous me décrire une journée de travail ?

Cathy-France : Diplômée du CELSA au niveau Master 2 Stratégie d’information et communication des entreprises après un Master de Lettres modernes, j’ai débuté mon parcours en tant que consultante en communication corporate et relations médias dans les domaines de la santé et de l’intérêt général pendant 5 ans au sein d’une agence parisienne de référence dans ce domaine. En 2013, j’ai choisi de créer ma propre activité : j’interviens en support des équipes de communication en agence ou chez l’annonceur, en qualité de consultante chef de projet en communication, de rédactrice et d’attachée de presse. Au quotidien, je peux être amenée à produire une recommandation stratégique globale, à interviewer des experts (médecins, association de patients, chercheurs, dircom labo), à concevoir et rédiger un dossier ou un communiqué de presse événementiel ou produit, à contacter des journalistes, à organiser une conférence de presse ou un événement de sensibilisation et d’information en définissant les objectifs de communication, les contenus et en recrutant des experts.

Sherryline : Avec qui travaillez vous ? (Seule, en équipe, indépendance, autonomie…)

Cathy-France : J’ai travaillé en agence de communication parisienne pendant 5 ans avant de créer ma propre activité de consulting freelance il y 10 ans. En agence, je travaillais en équipe et je dépendais du management de mes responsables et de leurs exigences. Depuis que je suis en freelance, ma liberté de réflexion comme ma liberté d’organisation sont totales et je travaille en autonomie. Cela étant dit, le relationnel client et prestataires/experts est au cœur de ce métier, quelle que soit la façon dont on l’exerce, en agence, chez l’annonceur ou à son compte. Par ailleurs, la liberté a un prix : un freelance est seul responsable de la qualité et du succès de ce qu’il met en œuvre et en cas de difficultés ou d’échec, il ne peut pas se retrancher derrière une organisation ou un manager. Il ne faut pas non plus oublier que lorsqu’une entreprise ou une institution vous engage pour une mission c’est parce qu’elle souhaite greffer votre expertise aux compétences d’une équipe interne ; il nous sera pas possible de faire l’économie de ressources relationnelles.

Circé : Quelles sont vos conditions de travail (rythmes, horaires…) ?

Cathy-France : En tant que freelance, j’organise et administre mon emploi du temps de manière autonome. Toutefois, une fois la mission acceptée, mon quotidien professionnel s’articule autour des exigences du client et des disponibilités des intervenants. La communication est un domaine dans lequel la réactivité est essentielle alors même qu’une pluralité d’acteurs, plus ou moins compétents et efficaces, interviennent (graphistes, journalistes, experts, agence événementielles, marketing…) dans votre projet. A vous, en tant que freelance, de savoir composer avec cela sans ralentir votre propre progression.

Sherryline : Qu’est-ce qui vous plaît le plus ou qu’est-ce qui vous paraît être le plus intéressant dans cette activité ?

Cathy-France : Mon domaine d’expertise, la communication spécialisée dans le domaine de la santé, est fondamentalement passionnant : communiquer dans ce secteur, c’est faire acte de communication utile et d’intérêt général. Par ailleurs, la pharma, la recherche, sont des secteurs en perpétuel mouvement qui innovent chaque jour et vous imposent de vous former en continu tout en composant avec un contexte réglementaire des plus restrictifs ; c’est stimulant ! D’un point de vue plus pragmatique : l’expertise communication santé est sans doute la mieux rémunérée du secteur : les professionnels polyvalents sont rares, et dans mes années les plus fastes, j’ai pu obtenir une rémunération annuelle supérieure à 45000 euros en travaillant une à deux journées par semaine.

Circé : Qu’est-ce qui vous plaît le moins ?

Cathy-France : L’alternance entre période de pression intense et plage de tranquillité n’est pas des plus confortable : vous travaillerez pendant vos we et vos vacances. Il faut aussi accepter l’idée que lorsqu’un grand nombre d’acteurs intervient, le gestion des relations humaines puisse être complexe : il vous faudra être souple, accepter la contradiction (même quand elle n’est pas valable), composer avec des briefs ou ressources incertains, accepter des comportements parfois désagréables de la part de communicants qui gèrent mal la pression et la redirigent vers vous. Vous devrez accepter, sans état d’âme, que votre travail soit la propriété de votre client et qu’il s’en approprie la réalisation et la qualité en son nom propre sans jamais mentionner votre intervention. J’ajoute que si vous n’êtes pas identifié comme étant compétent et ne disposez pas d’un réseau, la statut freelance peut vous placer dans une situation de précarité financière intenable. Enfin, si vous refusez des missions ou vous faites trop discret, vous prenez le risque d’être moins sollicité et de sortir des listings de freelance mobilisables chez vos clients. Vous pouvez donc passer d’une rémunération très attractive à une situation financière précaire.

Sherryline : Selon-vous, quelles compétences/connaissances faut-il pour ce poste ?

Cathy-France : La communication dans le domaine de la santé exige de s’approprier rapidement des sujets complexes et techniques avec une approche documentée, une expression rigoureuse et une sensibilité respectueuse des enjeux humains en présence. Une bonne connaissance du contexte réglementaire, des politiques de santé publique et de l’actualité santé en général est par ailleurs incontournable. Le fait d’exercer en freelance n’est possible que si on a appris le métier en agence ou chez l’annonceur. Ce statut d’indépendant ne convient pas à tout le monde : il requiert une grande souplesse, de la confiance en soi, une bonne capacité à prendre des risques et beaucoup de patience.

Circé : Comment avez-vous été recrutée ?

Cathy-France : J’ai été recrutée par ma première agence au terme de mon stage de validation de M2 professionnel au CELSA.

Sherryline : Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaite se diriger vers ce métier aujourd’hui ?

Cathy-France : Les métiers de la communication sont attractifs mais exigeants. A mes yeux, être diplômé d’une grande école de communication comme le CELSA est essentiel à une entrée réussie dans ce marché ultra-concurrentiel. Les rémunérations des profils “standard” sont très faibles (smic en entrée de poste avec un bac + 5 en agence ou dans la fonction publique, et à peine mieux dans le privé chez l’annonceur). Les profils qui font carrière sont des profils à fort potentiel d’expertise et de progression : un jeune diplômé cultivé, intellectuellement curieux, maîtrisant parfaitement l’expression orale et écrite (avec une orthographe irréprochable) et disposant de bonnes qualités relationnelles s’en sortira. Les littéraires ont donc toute leur place dans ce monde et prennent volontiers celle des autres… Faute de disposer de ce logiciel de compétences, on risque d’être très limité dans ce métier.

Interview de Cathy-France Martin, réalisée par Circé Cougnard et Sherryline Ramos

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